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Mon actualité d'auteur, mes textes, mes coups de coeur, mes coups de gueule, tout ce que j'aurai plaisir à vous faire partager !

Sac de noeuds

Sur  un thème de jeu Ô combien original , ma copie !

En cette fin décembre, votre ventre se tord de trouille à l'idée que vous êtes peut-être le/la prochain/e à partir pour le grand Paradis/Enfer des People comme beaucoup de vos collègues ces temps derniers. Pour comble de malchance, ce matin, les réseaux sociaux ont annoncé votre mort, vous auriez été étranglé/e par une arête de poisson comme si le premier avril avait été avancé juste pour vous déplaire. Effaré/e, vous démentez mais l'on refuse d'accorder foi à vos dires. Vous devenez l'usurpateur/trice de votre propre identité, un vil imposteur.
 

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Sac de nœuds !
Ça faisait déjà une bonne semaine que mon moral avait tendance à rejoindre mes chaussettes.
Déprimer, c’est pourtant pas dans ma nature. Mais allez savoir : la fin de l’année, le froid sibérien et cette avalanche de décès en décembre... Des actrices surtout avec qui je me trouvais des points communs. Morgan la belle : moi aussi j’ai eu ma période splendide. La Reynolds : trois mariages toutes les deux. La Gensac : mon mec aussi me donne du « ma biche » parfois et ça me fait tout chose. Question âge, j’ai encore de la marge mais tout de même... Sans parler de quelques chanteurs et écrivains : je chante pas, mais les scénarios, le roman, j’ai pas mal donné et je veux bien donner encore ! Tout ça m’a fait froid dans le dos. Cerise sur le gâteau, le matin du 27 décembre, ma fille me passe un coup de bigophone, morte de rire : « Mum, accroche-toi ! On annonce ton décès sur Facebook et Cie. Flanby va te faire des funérailles nationales ! »
Ça m’a pas fait marrer du tout ! Un petit coup de remontant et zou, j’ai décidé de réagir. J’ai pas de compte facebook, pas le temps pour ces conneries. J’ai chargé fifille de poster des démentis bien sentis ! J’ai secoué mon attaché de presse. Journaux, radio, télé : on l’a envoyé sur le houx ! Tous avaient des infos précises et de source sûre : je m’étais étranglée avec une arête de poisson en racontant une bonne blague à table. J’avais bien mangé du saumon, la veille, mais sans aucun souci. J’ai pris le téléphone en personne. Dès que je me présentais, soit on me riait au nez : « On nous l’a déjà faite celle-là ! », soit on me faisait la morale : «Quelle honte ! Un peu de respect pour la grande artiste qui va nous manquer ! » et on me raccrochait au pif.
La grande artiste qui va nous manquer ! C’était sympa mais putain d’ours j’allais pas leur manquer puisque j’étais bien vivante ! J’ai fini par douter : j’aurais passé l’arme à gauche à l’insu de mon plein gré ? Je me suis tâtée, regardée dans le miroir: bien en chair, bonnes joues roses, je pétais de santé. N’empêche que les médias se déchaînaient à propos des démentis qu’ils commentaient avec ironie ou indignation. Le Canard enchaîné: « Son dernier gag : elle cause par-delà la tombe ! ! » Les quotidiens : « Une inconnue se fait scandaleusement passer pour l’actrice comique dont l’enterrement est prévu le 31 à 10 h au Père Lachaise. » On se foutait carrément de ma gueule !
Les condoléances affluaient chez mon homme qui, lui, restait de marbre. « Laisse pisser, ma poule ! »
J’ai voulu aller prendre l’air au Parce Montceau ; un ahuri s’est mis à crier : « La voilà, c’est elle l’usurpatrice ! » Un attroupement s’est formé, ils étaient prêts à me lyncher ! Jai réussi à m’enfuir. Manque de pot, les pelouses étaient verglacées. J’ai glissé. Samu, police, la totale. À l’hôpital, ils ont bien été forcés de reconnaître que j’étais la vraie avec mes carte d’identité, de Sécu, de Mutuelle, tout ça bien en ordre. Y avait que ma jambe droite qui était dans le désordre, fracturée en trois endroits. En dépit de la douleur, c’était bon de me faire chouchouter, de recevoir des excuses. Je me suis entendue avec les autorités pour que les démentis officiels soient notifiés aux médias après le 1er janvier 2017. J’avais envie de passer un réveillon bien tranquille en famille. Pour ce qui est de mon vol plané sur la pelouse, on s’est fendu la pêche quand Marilou a décrété : « Tu l’as pas maudit, le gazon, cette fois maman ! »
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