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Mon actualité d'auteur, mes textes, mes coups de coeur, mes coups de gueule, tout ce que j'aurai plaisir à vous faire partager !

DU RIFIFI DANS LA BASSE-COUR

 

 

Roméo, le coq de la ferme Grenier, laissa échapper un cocorico sans entrain vers 6h 15. Le blues qui s’était récemment emparé de lui le cueillait ce jour-là dès potron -minet.  Il en avait vraiment ras la crête de sa cour de poulettes et rêvait d’expériences nouvelles. Jane la cane faisait justement son jogging matinal. Il tenta quelques effets de plumes à son intention. Que croyez-vous que Jane a fait ? La cane a ri, laissant le coq dépité. Ça commençait mal !

Sans se décourager, il avisa Laura l’oie qui approchait en se dandinant.  Il la jugea très appétissante et le lui souffla à l’oreille. Elle cacarda avec mépris qu’elle lui trouvait mauvais jars. Les poules observaient leur seigneur d’un œil jaloux. Il n’en continua pas moins ses tentatives de séduction, toujours sans grand succès. Impossible de fricoter avec la dinde O’Maron, importée d’Irlande : son mâle lui vola sur la crête et faillit la lui arracher.

Roméo décida que, si la gent à plumes se refusait à lui, il irait voir ailleurs. Une gentille femelle à caresser dans le sens du poil, pourquoi pas ?
Minette se chauffait au soleil, perchée sur la plus haute marche d’une échelle. Il la rejoignit et lui susurra des mots doux. D’un coup de queue, elle l’expédia à terre. L’amour avec une chatte sur un toit brûlant, il pouvait faire une croix dessus. Il fila alors du côté des cages où Lola la lapine lâcha la carotte qu’elle croquait pour lui lancer un clin d’œil coquin qui semblait signifier « Repasse un peu plus tard. » Ragaillardi, il fit quelques tours de cour pour patienter, ignorant les caquetages de son harem abasourdi. Hélas, lorsqu’il se repointa, dressé sur ses ergots, Lola lui avait posé un lapin.
 

Aurait-il plus de chance dans les champs ? Les bêtes y étaient énormes, mais à coq vaillant rien d’impossible. Il grimpa sur le dos d’une chèvre. Elle s’ébroua et bégueta : « Fiche-moi la paix, tu ne vois pas que je bouquine ! » Avec Rosy, la vache, ce fut pis : comme il lui picorait l’arrière-train, elle lâcha un pet vigoureux qui l’envoya balader à cinq mètres. Quant à la brebis, ce fut lui qui renonça, lui trouvant la laine peu fraîche.
 

Toujours gaillard, Maître coq résolut d’aller chercher fortune dans un environnement différent de la ferme.  Un cirque venait de s’installer non loin de là. A la ménagerie, il réussit à se glisser entre deux barreaux pour rejoindre dans sa cage une guenon aux fesses roses en train de s’épouiller. En guise de câlins, elle entreprit de l’épouiller aussi et faillit l’étouffer. Il eut toutes les peines du monde à s’extraire de ses paluches velues. La lionne et la tigresse ouvrirent à sa vue d’énormes gueules gourmandes. Tout bien réfléchi, entre passer l’arme à gauche broyé vif et finir en coq au vin sur une table familiale, il préférait la seconde solution.
 

A la ferme, la rumeur enflait : un démon s’était emparé de Roméo. Non seulement il trompait ses épouses mais il se livrait à d’odieuses pratiques contre nature. Les poulettes, blessées, scandalisées, enrageaient. Lorsque Roméo reparut, fier sur ses ergots, guéri de son blues et bien résolu à reprendre la place qui lui revenait, il trouva ses femelles occupées à se becqueter, se caresser la plume deux par deux, caquetant de plaisir. Il eut beau alterner les mots doux : « Mes Juliette, mes reines, mes amours », les reproches virulents : «  Enfin mesdames, cessez ces jeux immoraux ! » il n’obtint qu’une réponse cinglante, à l ‘unisson : « Va te faire cuire un œuf !

 

 

 

 

 

 

 

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